La dépendance et le choix d’un établissement pour personnes âgées sont souvent des sujets évités dans de nombreuses familles. Ce thème est généralement évoqué en urgence, quand il devient crucial de prendre une décision rapide sur le logement. C’est regrettable, parce que, comme pour la plupart des épreuves de la vie, ces situations sont mieux gérées quand elles sont anticipées. Alors, quelle est la meilleure manière de discuter de la maison de retraite avec son proche sans le blesser ?
Discuter en famille
Certains seniors ont tout planifié, sans en informer leurs enfants. La maison de retraite est déjà sélectionnée, visitée et une assurance est déjà souscrite pour garantir que les proches n’auront pas de frais à supporter. Cette situation est rare !
Habituellement, c’est la famille qui prend l’initiative, souvent les enfants. Fréquemment dans l’urgence, après une hospitalisation ou quand le maintien à domicile devient impossible. Cette situation est délicate pour tous. Souvent les proches ressentent un sentiment de culpabilité, ils ont l’impression d’abandonner leur proche. Pour la personne âgée, c’est l’impression de subir une situation non désirée et de ne plus être maître de sa vie.
Il est donc crucial de discuter de cela en amont, l’idéal étant même d’aborder le sujet quand tout va bien, même si cela reste compliqué, car la personne âgée ne se sent pas concernée.
La nécessité de la discussion
Dans notre culture, des sujets tels que le vieillissement, la maladie sont souvent écartés. Cependant, ils font intrinsèquement partie de la vie !
Avec les scandales récents concernant les EHPAD, il est tentant de détourner le regard et de continuer son chemin quand on n’est pas directement impliqué. Imaginer que nos parents resteront chez eux indéfiniment. Néanmoins, un jour, cela pourrait nous concerner.
Aborder le sujet, c’est une façon de s’y préparer, de rendre le moment moins soudain quand il arrive, et probablement d’y faire face plus aisément. Cela aide à surmonter ses angoisses et ses craintes. L’EHPAD est souvent le dernier domicile, l’emménagement en maison de retraite est donc un moment chargé d’émotions tant pour la personne âgée que pour sa famille. Prendre le temps de discuter avec son parent, c’est le meilleur moyen de connaître ses désirs et ses besoins pour faire le bon choix.
Comment engager la discussion ?
Engager le dialogue est la partie la plus délicate ! Étant donné que l’initiative vient rarement de la personne âgée, il y a alors deux possibilités. Profiter d’une occasion qui se présente, c’est-à-dire utiliser un moment où le proche mentionne un souci dans son quotidien ou un problème de santé. Ou bien, aller droit au but et se lancer directement.
L’essentiel est de veiller à ce que son proche âgé se sente impliqué dans la décision, qu’il puisse exprimer son opinion et qu’on prenne en compte son point de vue. Pour y parvenir, il convient de le questionner, de lui demander ses perspectives pour l’avenir et de l’encourager à partager les difficultés qu’il rencontre dans la vie de tous les jours.
Il est aussi essentiel de parler de vous, et de vos préoccupations. Partez du principe que votre proche comprend que vos actions ont pour objectif d’améliorer son bien-être. Il est important de rester sincère et honnête, de ne pas embellir la réalité ni éluder certaines questions. Il faut évoquer les aspects positifs que peut avoir la vie en maison de retraite ou établissement, mais aussi les aspects moins agréables.
Il faut se rappeler que c’est un processus long qui exige réflexion et perspective. La question ne se résoudra pas en une seule discussion. Il faudra donc faire preuve de patience et de compassion envers son proche. Gardez à l’esprit qu’il est fort possible que celui-ci se montre d’abord défensif et accueille mal la conversation.
Votre proche reste fermé au dialogue ?
Il se peut que votre proche réagisse négativement dès la mention de l’EHPAD ou établissement. Cela représente une réaction tout à fait normale. En effet, la majorité des individus déclarent ne jamais vouloir aller en maison de retraite. Toutefois, face à une autonomie réduite et à une vie quotidienne devenue difficile, les aînés sont plus propices à admettre que l’EHPAD (ou établissement) peut être une solution. Certains, cependant, restent inflexibles et refusent toute conversation, quelles que soient les circonstances.
Si la situation devient trop tendue et que le dialogue s’avère vraiment impossible, il est alors important pour vous de pouvoir discuter avec une tierce personne, de partager votre malaise et souvent votre culpabilité. Échanger avec un interlocuteur extérieur, peut être salvateur (médecin traitant, psychologue, etc.).
Le moment propice
Il est préférable de traiter le sujet le plus tôt possible. Cependant, ce n’est pas toujours facile, et chaque cas est unique. Il est essentiel d’éviter, autant que faire se peut, de soulever la question pour la première fois quand l’admission en établissement est imminente. La personne se sentira forcée et peut-être trahie. Naturellement, certaines circonstances ne laissent malheureusement pas d’autres alternatives.
Habituellement, la nécessité de discuter se manifeste quand les premiers signes de dépendance, qu’ils soient physiques ou cognitifs, se font sentir. À ce stade, il peut être tentant de retarder la conversation, en se disant qu’on peut encore patienter avant d’évoquer le sujet de la maison de retraite, dans l’idée de protéger son proche. Malheureusement, en tardant trop, on risque que la personne âgée ne soit plus en mesure de participer à une discussion ou de prendre une décision.
L’idéal est d’aborder le sujet quand la personne âgée est en pleine possession de ses moyens. Dans cette situation, il est plus aisé d’approcher le sujet avec perspective et discernement.
Il est aussi important de noter que les démarches préliminaires pour une admission en EHPAD peuvent prendre beaucoup de temps. Des listes d’attente de plusieurs années sont une réalité dans certains établissements prisés ou dans des zones avec une forte demande. Anticiper peut donc être judicieux !
Aller au-delà des mots
Tous les établissements sont différents. Les prestations proposées varient considérablement d’un établissement à l’autre, c’est pourquoi il est important d’impliquer la personne concernée dans le processus de recherche.
Définir ses besoins, s’informer sur les établissements, identifier les maisons de retraite, effectuer des visites, partager ses ressentis. Toutes ces étapes permettent à l’aîné et à son accompagnant de faire le choix le plus adapté, d’accroître leur sentiment de sécurité et d’améliorer les chances d’acceptation de la situation le moment venu.
Certes, la démarche est sensible. Visiter une maison de retraite en bonne santé implique de s’imaginer dans un cadre peu enviable. Il est vrai que de nombreux résidents en EHPAD sont fortement dépendants, et la première impression lors d’une visite peut être effrayante. Néanmoins, ces établissements sont aussi des lieux de vie où l’on peut encore éprouver des moments de bonheur et faire de belles rencontres.